Haut-Rhin. Les réservistes canicule d’Amaelles à nouveau sur le pont

Sabine Klein, réserviste canicule pour Amaelles depuis plus de quatre ans dans la région mulhousienne est rodée. Le mardi 12 août au matin, elle recevait la liste d’une dizaine de personnes âgées et/ou handicapées à joindre pour s’assurer qu’elles restent bien au frais et pour leur rappeler les conseils de base. L’après-midi, elle avait déjà contacté la majorité de ces bénéficiaires. « J’ai de la chance, je réussis à joindre les gens. Ce genre de mission me plaît, je peux le faire depuis mon domicile », indique l’ancienne secrétaire de direction.

Boire, rester au frais et ne pas oublier de manger non plus, rappelle la réserviste. Photo Karine Dautel
Elle compose cette fois le numéro d’une Rixheimoise de 85 ans, dit quelques mots de présentation et demande des nouvelles. « Ça va, c’est gentil de votre part ! », répond son interlocutrice, à la voix alerte et qui va la remercier à plusieurs reprises. Elles échangent un petit moment. « Tous les jours, je bois deux bouteilles d’eau, j’ai les volets fermés toute la journée. » L’octogénaire assure aussi se nourrir d’aliments rafraîchissants (comme les concombres) et sera prise en charge par sa famille le week-end du 15 août. Sabine Klein peut raccrocher sans crainte et passer au nom suivant.
Au contraire de certaines communes , qui demandent aux administrés qui le souhaitent de s’inscrire sur un registre, le collectif d’aide et de soins à la personne Amaelles fait un suivi en interne, retenant 260 personnes à entourer d’attention parmi « les 1 400 les plus fragiles ». Elles bénéficient de la visite d’une aide à domicile, mais pas forcément tous les jours.
« Le plus inquiétant, ce sont les personnes qui ne vont pas décrocher et que l’on va tenter de joindre à plusieurs reprises », note Aurélie Altheimer, responsable Dynamique bénévolat, elle-même réserviste salariée. Cette équipe de 53 personnes d’Amaelles compte 31 bénévoles (pour que cela aille vite), dans le cadre d’un dispositif mis en place depuis l’été meurtrier de 2003. « Jusque-là, les épisodes comme celui-ci étaient rares. Il y a trois ans, il y a eu trois canicules le même été, donc trois branle-bas de combat. »
Il faut relever qu’une bonne moitié des réservistes est composée de volontaires vivant en dehors du Haut-Rhin : Metz, Carcassonne, Saint-Etienne, Paris… Tous ont été prévenus le vendredi 8 août qu’une troisième vague d’appels allait être déclenchée.
La première a eu lieu en mai, en guise de prévention. La seconde a été lancée fin-juin/début juillet lors d’un pic de chaleur qui s’est éternisé. Les réservistes sont formés. Le questionnaire qu’ils remplissent tout en passant leur coup de fil leur permet de réagir au mieux à tous les cas de figure. « Il y a des gens qui ne vont naturellement pas bien » et ce n’est pas forcément lié à la chaleur. Fin juin, deux seniors se sont retrouvées en grande difficulté et l’alerte a été donnée par un réserviste, via un numéro d’astreinte. Début juillet, un nouveau cas s’est présenté.
Le but est « d’éviter de nouveaux passages aux urgences, précise Aurélie Altheimer. Ce sont souvent des personnes qui n’ont pas la sensation de soif et qui ont des difficultés à se mouvoir et à fermer leurs volets battants. Certaines sont en situation d’incontinence, ce qui n’incite pas à boire. Prévenir quelqu’un, pour elles, c’est peut-être signifier être hospitalisé, peut-être ne pas revenir… »
Sabine Klein a bien conscience qu’elle passe « des appels qui rassurent ». Elle prend le temps d’écouter, « parfois pendant une demi-heure », et en profite pour rappeler les numéros d’urgence à composer en cas de besoin.
Un numéro vert Canicule Info Service a par ailleurs été mis en place ce lundi 11 août par le ministère de la Santé, 0 800 066 666.
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