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Décryptage. Que sont les cyanobactéries et pourquoi empêchent-elles de se baigner en pleine canicule ?

Décryptage. Que sont les cyanobactéries et pourquoi empêchent-elles de se baigner en pleine canicule ?

Inoffensives lorsqu'elles sont en petit nombre, certaines cyanobactéries peuvent lorsqu'elles se multiplient libérer des toxines dans l’eau qui peuvent être dangereuses voire mortelles pour les êtres vivants.

Les interdictions de baignade se sont multipliées ces derniers jours. Photo Sipa/DPA/Michael Matthey

Les interdictions de baignade se sont multipliées ces derniers jours. Photo Sipa/DPA/Michael Matthey

C'est la double peine du changement climatique : pendant que la France suffoque, plusieurs lieux de baignade en eau douce ont dû être fermés en raison de la prolifération de cyanobactéries dues à la montée des températures. Lundi, alors que le mercure dépassait les 30 degrés autour du lac du Bourget en Savoie, les baigneurs en quête de fraicheur ont eu la déconvenue d'apprendre que toute activité nautique baignade mais aussi canoé ou paddle était interdite en raison de la présence de bactéries potentiellement toxiques.

Le cas est loin d'être isolé : en Ille-et-Vilaine, sur la Mayenne (Maine-et-Loire), dans l'Aveyron (lacs de Pareloup et Villefranche-de-Panat) ou encore dans la Nièvre (étang de Baye) ou les Ardennes (lac de Sedan), les interdictions de baignade se sont multipliées ces derniers jours. En cause, des micro-organismes photosynthétiques appelés cyanobactéries.

Celles présentes dans les lacs, étangs et autres cours d'eau sont de deux types : les premières sont planctoniques et flottent en suspension dans l'eau on les surnomme parfois les algues bleues, même si leur couleur peut aussi aller du vert au rouge et les secondes qu'on trouve en général au fond, accrochées aux rochers, sont dites benthiques, a décrit Catherine Quiblier, chercheuse au Muséum national d'histoire naturelle.

À chaque vague de chaleur, elles pullulent dans les plans d'eau, à la faveur de la hausse des températures : leur taux de développement optimal est autour des 25 à 30 °C, explique la scientifique. La température du lac du Bourget lundi était de 28 °C. Pour les planctoniques, la recrudescence est favorisée par « l'eutrophisation, c'est-à-dire l'enrichissement des masses d'eau en azote et en phosphore » provenant en majorité de l'agriculture intensive et de la mauvaise gestion des eaux usées.

« Et pour les benthiques, (...) ce sont les étiages prolongés, c'est-à-dire le fait qu'on ait des sécheresses de plus en plus tôt et de plus longues » et leurs conséquences sur le volume ou le débit des plans d'eau qui est en cause. Mais « dans tous les cas, c'est sûr que le réchauffement climatique est un facteur de la recrudescence » des cyanobactéries observée depuis les années 1990, assure la chercheuse.

« Dès qu'on a des températures de l'eau qui se réchauffent comme en ce moment en cours de canicule », la prolifération « explose ». Et cette année est particulièrement à risque, souligne la scientifique. « On a eu une alternance de périodes de sécheresses et de pluies, qui ont lessivé les sols apportant de l'azote et du phosphore » dans les lacs et rivières. « Et donc au moment où la nouvelle canicule arrive, les cyanobactéries ont toute la nourriture qu'il leur faut pour se développer, et en plus toute la chaleur qu'il leur faut. Toutes les conditions sont réunies ».

Quels effets sur les êtres vivants ?

Inoffensives lorsqu'elles sont en petit nombre, certaines cyanobactéries peuvent lorsqu'elles se multiplient libérer des toxines dans l’eau qui peuvent être dangereuses voire mortelles pour les êtres vivants. Les effets les plus courants peuvent être des nausées, vomissements, étourdissements, irritations cutanées, douleurs abdominales, diarrhées. « Ce risque est particulièrement élevé en cas d’ingestion accidentelle lors de baignades ou de jeux dans l’eau », avertit l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes sur son site internet.

Une exposition prolongée peut aussi à terme causer des tumeurs cancéreuses, précise Catherine Quiblier. Mais certaines cyanobactéries sont aussi neurotoxiques, avec des effets avérés sur la mortalité de certains animaux. « Elles s'attaquent au système nerveux pouvant entrainer une paralysie respiratoire. Chez les chiens, ça peut être rapide avec des convulsions en 10 à 15 minutes », détaille la scientifique. Au lac du Bourget, un chien est décédé dimanche.

Et pour les humains, « il y a eu des cas de décès suspectés » en raison des cyanobactéries, le dernier en 2021 lorsqu'un couple, son bébé et son chien avaient été retrouvés morts près d'une rivière contaminée aux cyanobactéries en Californie sans autre cause de décès apparente, « même s'ils n'ont pu être formellement avérés », note Catherine Quiblier. Une étude parue en 2017 dans la revue Archives of toxicology avait identifié seulement 6 cas de décès humains dans le monde liés à la contamination aux cyanobactéries depuis 1960.

L'Est Républicain

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