Dijon. La nouvelle directrice du centre hospitalier La Chartreuse a déjà sa feuille de route

Avant de jouer le jeu des questions-réponses avec les journalistes lors de sa présentation, ce jeudi 7 août, Emmanuelle Juan a voulu rappeler que « le centre hospitalier La Chartreuse n’est pas un hôpital comme les autres. C’est bien sûr un lieu de soins, de prise en charge et de prévention, mais aussi un lieu de vie et de partage. C’est également un haut lieu du patrimoine bourguignon. Nous accueillons régulièrement des touristes sur le site, ce qui participe au lien entre la ville et l’hôpital. La Chartreuse est également un lieu de biodiversité, grâce notamment à son parc de 25 hectares, et enfin un lieu de culture et de médiation avec, par exemple, le centre culturel de l’Hostellerie ».

La nouvelle directrice promet d’avoir pour fil rouge la volonté de « donner du sens, en dialoguant, en écoutant, pour comprendre les parcours de santé, mais aussi redonner toute sa place à l’humain ».

Elle veut de même « fédérer, car on ne décide rien seule, d’autant plus dans le domaine de la santé mentale ».

Autre mot-clé : « construire », humainement et formellement, à l’instar de la Maison d’accueil spécialisée (MAS), actuellement en chantier sur le site de l’établissement, et dont l’ouverture est espérée avant la fin de l’année. Elle accueillera « des adultes en situation de handicap psychique nécessitant un accompagnement renforcé au quotidien ». « Il est bien évident qu’on ne traite plus la santé mentale comme il y a dix ou quinze ans », souligne encore la nouvelle directrice, « et la Chartreuse a toujours été novatrice dans ce domaine ».

Après la suspension et le départ du précédent directeur, François Martin, mis en cause pour des faits harcèlement moral , Emmanuelle Juan prend la tête du CH La Chartreuse dans un contexte particulier. « Je n’ignore pas les épisodes passés, mais je n’en ai pas tous les détails », résume-t-elle. « Lors de mes premières rencontres avec les équipes, il y a eu peu d’écho sur ce qu’il s’est passé précédemment, mais plutôt une aspiration à la sérénité, et à se projeter vers l’avenir. Cela tombe bien puisque nous sommes en pleine écriture de notre futur Projet d’établissement 2026-2030. Ce sera notre feuille de route sur les cinq années à venir, il peut évoluer en cours de route, mais ce sera aussi un moment de réflexion sur notre gouvernement en interne. J’ai déjà ressenti auprès des équipes un véritable attachement à La Chartreuse. Il y a une fierté à travailler ici, comme je suis fière de prendre la direction de cet établissement. »

Concernant la santé mentale des jeunes, dont plusieurs publications démontrent qu’elle est de plus en plus dégradée, Emmanuelle Juan considère qu’« il y a sans doute un effet rebond du Covid. Beaucoup de jeunes ont ressenti ces deux années comme un moment où ils n’ont pas pu se construire comme ils l’auraient souhaité ».

À la Chartreuse, le dispositif Intermède, notamment, a pour objectif d’améliorer la prise en charge des adolescents (de 11 à 17 ans) en souffrance psychique, sur le département de la Côte-d’Or.

« Par ailleurs, nous proposons désormais des formations de Premiers secours en santé mentale (PSSM) », ajoute la nouvelle directrice. « La santé mentale concerne aujourd’hui un Français sur cinq. Nous pouvons tous être amenés à faire face à ce type de fragilité. »

Emmanuelle Juan est la première femme à prendre la direction du CH La Chartreuse : « Je ne le savais pas, c’est ma secrétaire qui me l’a dit », glisse-t-elle.

« Pour autant, on n’arrive pas là par hasard. Je le dis aussi aux jeunes femmes qui commenceraient leur parcours professionnel : osez pousser les portes, osez avoir de l’ambition, pour trouver votre juste place. Je suis aussi maman de deux jeunes enfants, âgés de 5 et 6 ans. Cela nécessite une belle organisation, mais c’est faisable. Cela nécessite sans doute encore un peu de changement dans les mentalités, y compris celle des femmes. ».