Les médecins spécialistes pourraient suspendre les demandes de séjour d'urgence après l'entente conclue avec le Québec en vertu du projet de loi 2

La fédération des médecins spécialistes du Québec et le gouvernement provincial sont parvenus à un accord sur l'interprétation d'une disposition controversée du projet de loi 2, ce qui pourrait permettre à l'association des médecins de retirer sa demande de suspension d'urgence de la loi.
Même si la demande de sursis d'urgence peut être retenue, la contestation judiciaire n'est pas terminée, selon Jean-Philippe Groleau, avocat à la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
Le projet de loi a été adopté à la fin du mois dernier et a suscité l'ire des fédérations de médecins car il impose une nouvelle structure salariale aux médecins.
Parmi les préoccupations immédiates, explique Groleau, figure la signification de l'interdiction, prévue par le projet de loi 2, faite à deux médecins ou plus de mener une action concertée, par exemple en exerçant des pressions, pour perturber ou ralentir les soins médicaux afin de protester contre la politique gouvernementale.
La FMSQ craignait que cette disposition puisse être interprétée de manière si stricte que deux médecins mariés qui avaient déménagé en Ontario pour y exercer, ou des collègues qui avaient discuté de leur retraite en même temps, puissent être reconnus coupables d’infraction à l’interdiction et se voir infliger de lourdes amendes.

Jeudi après-midi, la FMSQ a annoncé avoir reçu l'interprétation du gouvernement concernant le projet de loi 2. Le gouvernement a confirmé qu'il n'interpréterait pas la disposition de manière stricte, précisant qu'il ne pénaliserait pas des actions telles que le déménagement de deux médecins mariés ou la retraite simultanée de deux médecins.
La fédération a approuvé cette interprétation moins restrictive, tout en soulignant que le gouvernement avait affirmé qu'une preuve beaucoup plus rigoureuse – au niveau criminel – serait exigée pour que l'interdiction s'applique. Le procureur général du Québec devrait prouver, hors de tout doute raisonnable, que les médecins quittaient effectivement leur poste en signe de protestation.
« Je pense que les médecins seront en sécurité », a déclaré Groleau, soulignant que la décision rapide d'ordonner un sursis visait à protéger les droits fondamentaux des médecins.
À la suite de leur rencontre, les deux parties ont soumis une proposition conjointe exposant cette interprétation à un juge de la Cour supérieure du Québec, lui demandant de l'approuver. Le juge a indiqué qu'il lui faudrait quelques jours pour rendre sa décision.
Si le juge approuve l'interprétation conjointe, la FMSQ a indiqué que cette demande de suspension d'urgence ne serait plus nécessaire. La fédération a toutefois précisé qu'elle entend toujours contester le reste de la loi devant les tribunaux, notamment les dispositions qui portent atteinte aux droits d'association et de négociation.
Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice et procureur général de la province, a maintenu que l'interprétation initiale de la loi par les fédérations était erronée et que leurs craintes étaient infondées.
Paul Brunet, président du Conseil québécois des droits des patients, était présent au tribunal jeudi. Il a déclaré souhaiter que les patients soient représentés.
« D’un côté, nous avons un gouvernement qui est certainement bien intentionné, qui souhaite améliorer l’efficacité des services médicaux, sans parler de l’amélioration de l’efficacité du réseau lui-même », a-t-il déclaré.
« Et en même temps, des médecins affirment : “Si cette loi entre en vigueur, nous perdrons des centaines de médecins.” Les patients n’y gagnent rien. Nous voulons que justice tranche ce débat. »
Brunet a réitéré que le conseil avait demandé une modification du projet de loi 2 afin qu'il stipule que tous les patients auront accès aux soins de santé.
cbc.ca




