Un nouveau microscope multitêtes au laboratoire de l'hôpital de Draguignan

Le maintien d’activité de cytologie médullaire (étude des cellules présentes dans les prélèvements de moelle, Ndlr) au service de laboratoire en biologie médicale du Centre hospitalier de la Dracénie (CHD), était l’enjeu d’une opération de cofinancement visant à acquérir un microscope multitêtes comme outil de formation pour assurer la transmission d’expérience entre deux médecins, dont l’un partira bientôt en retraite.
Le service demandait le financement de cet équipement depuis 2023 en commission de suivi des investissements du CHD (Comsi), mais celui-ci a été refusé car considéré comme un équipement non prioritaire. La demande a été représentée en 2024, mais au regard des difficultés financières de l’hôpital public, ayant pour conséquence un budget restreint, il a fallu se tourner vers une autre source de fonds. Cette recherche a finalement abouti à un cofinancement par des donateurs. Ainsi, c’est grâce au Crédit Agricole et aux Lions Club du Cannet-des-Maures, Doyen de Draguignan, Pierre de la Fée, de Brignoles, de Lorgues et de Draguignan Saint-Hermentaire, que l’équipement, d’une valeur de 16.000 euros, a pu être acquis.
Pourquoi multitêtes?À quoi sert cet appareil livré en février 2025, puis complété en juin dernier par une caméra numérique permettant de capter des images des échantillons observés? "L’intérêt est de pouvoir lire les examens à deux opérateurs au même moment. D’avoir un pointeur qui permet de montrer une cellule pour en discuter de manière plus collégiale lors des cas complexes et établir un diagnostic à partir de la même observation", explique Aurélie Smets, docteur responsable du service de laboratoire en biologie médicale au CHD.
Celle-ci ajoute: "Ce microscope était important car le docteur Eric Gardien, notre biologiste cytologiste qui s’occupe des myélogrammes (1), est en fin de carrière. En prévision de son remplacement nous avons recruté depuis septembre 2024 le docteur Laurène Zimmer, une biologiste qui fait de l’hématologie. Nous voulions vraiment qu’elle puisse être formée en travaillant avec le Dr Gardien jusqu’à ce qu’il parte en retraite. Ce microscope à deux têtes est donc parfait pour qu’il assure la transmission de ses 30 ans d’expérience. Les compétences en phytologie sont longues à acquérir. Nous allons donc profiter de cette période de tuilage pour que le docteur Zimmer soit complètement autonome au départ du docteur Gardien."
Cet équipement permettra aussi "d’assurer au quotidien la formation de l’ensemble du personnel technique", ajoute la responsable du service.
Si ce microscope n’apporte pas une capacité optique de grossissement supérieure aux équipements actuels du service, il est en revanche "équipé d’un analyseur polariseur pour l’identification des cristaux et le laboratoire n’en avait pas avant. Les cristaux peuvent être retrouvés dans les liquides articulaires et les urines, les observer nous permet d’orienter vers un type de pathologie. Avec cet équipement nous pouvons aussi lire des frottis sanguins et médullaires. Également faire la cytologie des liquides, de ponction articulaire, d’ascite, pleuraux et de liquide céphalorachidiens", explique le docteur Laurène Zimmer.
D’autres applications en pratiquePar la détection des cristaux urinaires et articulaires ce microscope sert, entre autres, au dépistage précoce des maladies métaboliques de l’enfant, au diagnostic des arthrites cristallines. Et par lecture des frottis sanguins pour le diagnostic des parasitoses sanguines telle le paludisme, cela présente donc un intérêt chez les personnes ayant voyagé en zone d’endémie, les militaires par exemple. L’appareil est aussi utile dans le diagnostic et le suivi des maladies hématologiques (leucémies, lymphomes, myélomes). Concernant la nécessité de préserver cette activité localement au sein du CHD, le docteur Smets conclue: "Cela nous offre une très grande réactivité entre le diagnostic et la prise charge du patient."
1. Le myélogramme est l’examen médical qui consiste à analyser la moelle osseuse et à quantifier les différentes populations de cellules. Selon leurs proportions elles signent la pathologie.
Var-Matin