Santé. Remboursement des protections menstruelles : l'État prié de tenir ses engagements

Contraindre l’exécutif à tenir ses engagements. C’est l’objectif de l’entreprise Elia, qui a écrit à François Bayrou pour lui rappeler son annonce de mieux rembourser les protections menstruelles réutilisables. « Au nom de toutes les jeunes femmes contraintes par la difficulté d’accéder à une protection adaptée [...] nous en appelons à votre arbitrage pour préserver un pas essentiel qui ne doit pas être différé», peut-on lire dans la lettre signée par Marion Goilav, co-fondatrice de l’entreprise, qui tient à rappeler qu’il s’agit « d’un enjeu de santé publique et de dignité ».
À l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle le 28 mai 2025, le gouvernement confirmait sa volonté de renforcer l’accès aux produits de première nécessité pour les femmes, notamment en remboursant les protections menstruelles réutilisables. Une promesse déjà faite fin 2023 à l’occasion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, qui contenait notamment ce remboursement pour les femmes de moins de 26 ans « à hauteur de 60 % par la Sécurité sociale » et « à 100 % pour les personnes assurées par la complémentaire santé solidaire (C2S) ».
Mais force est de constater que rien n’a encore été appliqué. Une situation dénoncée par l’entreprise Elia lingerie, qui propose notamment des culottes menstruelles. Une solution déjà utilisée par plus de 60 % des femmes, dans un souci d’une pratique plus écologique et saine, selon l’association Règles élémentaires. Mais les prix, avec des culottes menstruelles vendues à environ 30 euros, sont un frein non négligeable. L’association estime le coût d’application du décret à 154 millions d’euros par an la première année.
Une proposition de loi déposée début juilletLa précarité menstruelle se dégrade en France. Règles élémentaires, créée en 2015, avait révélé dans une enquête publiée en 2023, en collaboration avec OpinionWay, que les chiffres étaient en augmentation avec quatre millions de femmes qui utiliseraient des produits inadaptés pendant leurs règles. Un nombre qui a doublé entre 2021 et 2023, et encore sous-estimé selon les associations. Pire encore, dans une enquête sur la précarité menstruelle européenne publiée en 2025, Règles Élémentaires révèle que 34 % des femmes ont renoncé à acheter des protections périodiques au moins une fois dans les 12 derniers mois.
La difficile entrée en vigueur des promesses gouvernementales a conduit plusieurs députés de gauche à déposer une proposition de loi le 11 juillet dernier « visant à lutter contre la précarité menstruelle ». Pour eux, cela passe par « ouvrir la prise en charge des protections menstruelles par la Sécurité sociale à toutes les personnes menstruées », pour toutes les protections hygiéniques et toutes les femmes. En effet, le décret ne couvre pas les trois millions de femmes de plus de 26 ans les plus précaires, les femmes migrantes ou à la rue, et les mères célibataires.
En attendant, les associations s’organisent au maximum pour aider les femmes qui ont du mal à se procurer des protections périodiques au quotidien. Règles élémentaires a notamment développé une application de géolocalisation des protections menstruelles gratuites.
L'Est Républicain