Santé. Les médecins « surchargés » se rebiffent contre les certificats inutiles et chronophages

Les généralistes se plaignent du nombre de certificats médicaux demandés par les clubs, sportifs ou non, et autres institutions lors de l’inscription d’un nouvel adhérent. Du temps précieux pris aux médecins alors que de nombreux patients atteints de pathologies ne parviennent pas à trouver de créneaux pour se faire soigner.
Un certificat pour l’entrée en maternelle, un autre pour l’entrée dans un club d’échecs ou de pétanque… Les demandes auxquelles les médecins généralistes doivent répondre sont parfois loufoques et frôlent l’absurde. « Ça tourne à l’inventaire à la Prévert », décrit le Dr Jérôme Marty, généraliste à Fronton (Haute-Garonne), confronté au cas du « type qui fait du rugby à qui on réclame un certificat pour jouer au ping-pong ».
Ces certificats « absurdes » – terme qui a donné son nom à un site internet dédié, lancé par le Collège de la médecine générale – laissent également « rêveuse » la Dre Nathalie Regensberg de Andreis. On la sollicite souvent, comme nombre de ses pairs, pour justifier l’absence à l’école d’un enfant malade « pour que les parents puissent se faire rembourser un jour de cantine ». « Au moment où on voit l’enfant, il est parfois déjà guéri », complète le Dr René-Pierre Labarrière. « Il devrait y avoir quand même une certaine confiance entre l’institution qui demande et les parents pour éviter ça », ajoute ce généraliste à Annecy (Haute-Savoie).
Ce genre de requêtes « pique du temps pour des patients qui en auraient vraiment besoin », regrette le Dr Marty, président du syndicat de médecins UFML-S. Ce dernier y voit « une société de la plainte et du risque de poursuites continuels » : tant pis si le docteur est « surchargé », « ce qu’ils veulent, c’est se protéger » en cas de « pépin ». Sollicitée, la Fédération Française Sports pour Tous, qui réunit un large réseau de clubs, d’animateurs et de bénévoles, n’a pas donné suite.
Face à cette inflation, les médecins ripostent. Le Conseil départemental du Nord de l’Ordre des médecins (CDOM59) propose ainsi des documents type pour dire non tout en faisant de la pédagogie. Comme quand un lycée requiert un certificat d’absence d’allergie pour une formation en CAP. « Aucun texte de loi ne rend obligatoire la présentation d’un certificat médical, quel qu’il soit, pour une inscription en CAP » et « de surcroît, il est impossible de statuer sur une absence d’allergie “a priori” », stipule cette réponse standard.
Le site certificats-absurdes.fr donne aussi des outils et arguments aux médecins. Ainsi, dans les clubs affiliés à une fédération sportive, il n’est plus nécessaire pour les mineurs de produire un certificat médical depuis le décret du 7 mai 2021 pour obtenir, renouveler une licence, s’inscrire à une compétition. Un tel certificat est requis seulement « lorsque les réponses au questionnaire de santé du mineur conduisent à un examen médical », précise le site.
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