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Nord Franche-Comté. Cancérologie au Mittan ou à l'hôpital de Trévenans ? Ce qu'en disent les syndicats

Nord Franche-Comté. Cancérologie au Mittan ou à l'hôpital de Trévenans ? Ce qu'en disent les syndicats

L’avenir du centre de cancérologie du Mittan, à Montbéliard, avec un possible transfert de son activité sur l’hôpital Nord Franche-Comté à Trévenans (HNFC), continue de faire du bruit dans Landernau. Les syndicats regrettent la non-consultation du personnel… et la « guéguerre » des politiques.

Qu’ils soient opposés ou favorables au transfert de l’activité de cancérologie du Mittan à l’hôpital Nord Franche-Comté (HNFC), à Trévenans, les élus (maires, députés, sénateurs…) ont fait valoir leurs arguments à de multiples reprises ces derniers mois. En transformant trop souvent un nécessaire débat de santé publique en guerre politique entre, d’un côté le pays de Montbéliard, de l’autre le Territoire de Belfort, et en entretenant des haines cuites et recuites.

A-t-on demandé l’avis du personnel du Mittan, des infirmières aux agents des services hospitaliers (ASH), en passant par les médecins et les manipulateurs radio ? « La réponse est non », déplore Luc Kahl, secrétaire de la CGT à l’HNFC.

Pour pallier ce manque, le syndicat a organisé une consultation sur papier du 10 au 16 juin avant de la prolonger en ligne jusqu’au 18 juin. « Une trentaine de personnes y ont participé, précise le syndicaliste. Au cours de deux dernières années, on a aussi pris régulièrement le pouls du personnel dans les différents services. »

« Le résultat est sans appel, assure-t-il. Toutes catégories confondues, la très grande majorité est défavorable au déménagement sur Trévenans. Les arguments des équipes interrogées sont nombreux et fondés. »

Celles-ci mettent en avant « le sentiment de bien-être des patients lié à la localisation actuelle, avec une structure à taille humaine, apaisante, moins anxiogène que l’hôpital de Trévenans » ; « un cadre de soins plus familial et une bonne accessibilité (parkings gratuits) » ; « les infrastructures déjà modernisées du Mittan avec des rénovations et agrandissements récents (scanner, IRM, consultations…) ».

Pour elles, « les budgets nécessaires au transfert seraient bien plus utiles au développement du Mittan, au renforcement de ses effectifs, à l’amélioration des conditions de travail des salariés et de l’accueil des malades ».

Pour la CGT, « déplacer des services aussi sensibles que celui de l’oncologie sans une adhésion forte des personnels de terrain pourrait conduire à une perte d’efficacité. On prendrait le risque de casser une dynamique de proximité et de stabilité, sans gain concret identifié, pour les patients comme pour les professionnels de santé. »

L’organisation syndicale craint également « une fuite de personnel et de compétences indispensables à la prise en charge des patients ».

Le 9 juillet prochain, une dizaine d’élus du Nord Franche-Comté opposés au transfert (1) rencontreront à Paris Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins. Initialement prévue le 24 juin, cette entrevue a déjà été reportée à deux reprises.

« Nous leur demandons de relayer les arguments des personnels du Mittan, réclame Luc Kahl, car ce sont eux, avec les usagers, qui vivent et connaissent le mieux la réalité du terrain. »

(1) Les députés Matthieu Bloch (UDR), Géraldine Grangier (RN), Émeric Salmon (RN) et Guillaume Bigot (RN), les sénateurs Jacques Grosperrin (LR), Jean-François Longeot (UDI) et Annick Jacquemet (UDI), le président de Pays de Montbéliard Agglomération Charles Demouge (LR) et la maire de Montbéliard Marie-Noëlle Biguinet (LR).

Céline Durosay, présidente de la CNI à l’HNFC.  Photo Véronique Olivier

CNI : « Ce devrait être au personnel et aux patients de décider »

Présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI) à l’HNFC, Céline Durosay est un peu embêtée. Quand on lui demande quelle est la position de son syndicat sur le dossier de la cancérologie, elle prend quelques secondes de réflexion.

« Notre position n’est pas tranchée, finit-elle par lâcher. Pour le maintien de l’activité au Mittan comme pour son transfert à Trévenans, il y a des avantages et des inconvénients. »

L’un des gros avantages d’un déménagement à l’HNFC est à ses yeux « d’ordre sécuritaire » avec, en cas de malaise d’un patient, la proximité des services des urgences et de réanimation, gage d’une intervention rapide des équipes médicales. « Au Mittan, le cadre est plus agréable et la prise en charge des patients plus personnalisée que dans une grosse structure comme l’HNFC. »

Pour l’éventuelle implantation de l’oncologie à Trévenans, il y a par ailleurs une problématique immobilière, et pas des moindres. « Dans les locaux existants, il n’y a pas de place. Il faudra forcément construire un nouveau bâtiment en empiétant sur les parkings qui sont déjà saturés. Cela me paraît très compliqué. »

Elle conclut, en déplorant « la guéguerre » entre les politiques de l’Aire urbaine : « Ce devrait être au personnel et aux patients de décider. »

A.B.

Mélanie Meier, secrétaire de la CFDT à l’HNFC. Photo Michaël Desprez

CFDT : « En oncologie, la dimension humaine est primordiale »

À la CFDT, « on est partagés entre la volonté de collègues de rester au Mittan, un site à dimension humaine entouré de verdure, et la concrétisation d’un projet médical cohérent visant à rapprocher l’oncologie du plateau technique de l’HNFC », résume Mélanie Meier, sa secrétaire.

Elle complète : « Cette dimension humaine, ce n’est pas rien dans une discipline comme l’oncologie. Dans le parcours thérapeutique du patient, la dimension psychologique est primordiale. Tout cela, je l’ai dit et répété dans les différentes instances de l’établissement. L’environnement est important, pour les soins prodigués comme pour les conditions de travail des soignants. »

Elle se dit agacée, fatiguée par « les guerres de clocher politiques » entre le pays de Montbéliard et le Territoire de Belfort. « Ce qui doit primer, c’est la qualité des soins alors que le nombre de malades du cancer – toutes les études prospectives le démontrent – va exploser dans les années à venir. »

Mélanie Meier et la CFDT ont désormais le regard tourné vers le 9 juillet et la réunion qui se tiendra au ministère de la Santé.

A.B.

L'Est Républicain

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