Interview. Le doublement des franchises médicales, « un coup dur pour le porte-monnaie des patients »


Gérard Raymond, président de France Assos Santé. Photo Francis Rhodes
Avec les projets de décrets visant à doubler le montant des franchises et des participations forfaitaires, quelles conséquences sont à prévoir au niveau financier ?
« Sur le patient déjà, la franchise médicale, qui était de 50 centimes par boîte de médicaments depuis 2008 est passée à 1 euro en mars 2024 et va encore doubler pour atteindre les 2 euros. Ce reste à charge était plafonné à 50 euros par an et par patient jusque-là mais il va passer à 100 euros. En plus, les patients devront maintenant payer cette franchise directement au comptoir de la pharmacie alors qu’avant l’Assurance maladie prélevait automatiquement les usagers du système de santé à travers leurs remboursements. Les pharmaciens ne semblent pas enclins à changer leur manière de travailler donc la mise en place de logiciels et de nouvelles technologies pour payer cette franchise sur place, ça va peut-être même coûter plus cher que ce que ça va rapporter. Ça ne rime pas à grand-chose finalement et c’est surtout un gros coup dur pour le porte-monnaie des patients. »
« Il est primordial que tous les acteurs fassent des efforts »Quelle est votre réaction face à cela, en tant que président de France Assos Santé ?
« C’est totalement injuste, on culpabilise une catégorie de la population qui est déjà en souffrance : je parle ici des personnes malades. Les seules mesures concrètes qui sont prises vont à l’encontre des patients, c’est totalement injuste. On ne comprend pas pourquoi les premiers à être touchés financièrement et donc pénalisés sont toujours les patients alors qu’il y a tellement, mais tellement d’autres moyens pour faire des économies. »
L’année dernière les plafonds annuels avaient été maintenus. Or les plafonds journaliers et annuels vont désormais doubler, eux aussi. C’est encore plus préjudiciable pour les patients…
« C’est clairement une double peine. Cette année, les projets de décrets ne se préoccupent même plus de préserver les personnes malades. Au milieu de discours bien huilés, ce sont toujours ceux qui sont obligés de prendre des médicaments quotidiennement pour vivre que le gouvernement punit. Pourquoi on n’agirait pas sur les dépassements d’honoraires par exemple ? Ou en taxant davantage le tabac, l’alcool et les produits sucrés ? Ce n’est pas avec ce qui est fait en catimini et au cœur de l’été que le système de santé va s’améliorer. Il faut une refonte profonde et structurelle, et surtout arrêter de tout le temps taper sur les mêmes. Il est primordial que tous les acteurs fassent des efforts et, dans ce cas, nous serons prêts à en faire aussi. »
L'Est Républicain