Enquête "Hors service". Lits fermés, fuite des soignants, déficit : pourquoi l’hôpital va mal ?

Jean-Marie Woehl a fait toute sa carrière à l’hôpital, où il a progressivement pris des responsabilités au sein de la commission médicale d’établissement (CME) des Hôpitaux civils de Colmar, puis de la commission de groupement du Centre Alsace et enfin au sein de la conférence nationale (il est vice-président) qui regroupe 700 hôpitaux non universitaires en France.
Il est donc régulièrement au contact du ministère pour défendre la profession et tenter de trouver des solutions concertées aux crises multiples de son secteur.
La crise de l’hôpital, il la connaît bien et surtout il sait en décortiquer les causes et les conséquences. Pour faire le tour de la question, nous lui avons posé quatre questions, qui permettent de cerner les enjeux de la santé publique en France.
Chargé d’une mission de service publique, l’hôpital ne refuse personne, contrairement aux libéraux, parfois submergés, qui filtrent les patients. C’est ce qui explique que peu de répondants à notre sondage critiquent l’hôpital, qui assume 85 % des urgences. Ils y sont toujours bien venus.
Syndicats et soignants dénoncent régulièrement les fermetures de lits à l’hôpital, qui s’accélèrent depuis le Covid. Mais par quel mécanisme un hôpital en arrive-t-il à fermer des lits ? Et pourquoi fait-il ce choix ? C’est avant tout le signe d’un manque de personnel qualifié, décode Jean-Marie Woehl.
Depuis le Covid, une crise des vocations impacte l’hôpital public, en déficit de soignants, en particulier du côté des paramédicaux. Comment en est-on arrivé à ce point de rupture en l’espace d’à peine 10 ans ? Pour Jean-Marie Woehl, cela tient d’abord à la typologie des patients, atteints de pathologies toujours plus lourdes et complexes, et à la charge de la garde, qui incombe de plus en plus à l’hôpital à mesure que les libéraux s’en dégagent.
Les hôpitaux publics creusent leur déficit et rognent sur les charges de personnel ou sur les investissements pour s’en sortir, au risque de se mettre dans la rouge pour l’avenir. L’introduction de la tarification à l’acte y est pour beaucoup. Mais aujourd’hui, c’est l’investissement qu’il faut soutenir, explique Jean-Marie Woehl.
Le Bien Public