« Le gouvernement cherche à modifier l’architecture institutionnelle du système de santé par des moyens irréguliers » : un groupe d’anciens ministres et vice-ministres de la Santé
Dans un communiqué, le Groupe interdisciplinaire d'anciens ministres et vice-ministres de la Santé et de la Protection sociale a exprimé son mécontentement face à l'état actuel du système de santé colombien.
« Depuis trois ans, le gouvernement national s’efforce par tous les moyens d’imposer sa réforme du système de santé. Il ne s’appuie pas sur des arguments techniques ou des preuves susceptibles de convaincre la majorité du secteur de la santé et de la société, mais plutôt sur une stratégie délibérée visant à saper la confiance dans le système, à le démanteler, à perturber son fonctionnement, puis à présenter ce chaos comme justification de son remplacement », indique le document signé par six anciens ministres, neuf vice-ministres et un conseiller en communication.
Selon ce groupe, il ne s'agit pas d'une crise spontanée, mais d'une tentative délibérée d'affaiblir le modèle existant et d'imposer un remplacement institutionnel par l'effondrement. Le document rappelle ainsi que Carolina Corcho, qui a dirigé le ministère jusqu'en 2023, avait déclaré qu'il était nécessaire de proclamer explicitement une crise pour justifier une transformation structurelle et avait soutenu que le secteur n'avait pas besoin de ressources supplémentaires, niant ainsi le déficit budgétaire anticipé depuis lors.
Des mois plus tard, le président de la République a déclaré que les EPS (Entités de Promotion de la Santé) « devaient être laissées à l'abandon, comme des dominos ». Le semestre dernier, le ministre de la Santé a déclaré à Neiva qu'elles étaient « en soins intensifs face aux pressions en faveur d'une réforme ». En conséquence, « les actions en justice, les plaintes et les obstacles à l'accès aux soins se sont multipliés ; les patients subissent des retards, des fermetures de services et des pénuries ; les professionnels de santé sont confrontés à la précarité de l'emploi et les décisions de la Cour constitutionnelle sont ouvertement bafouées par les autorités mêmes du secteur », indique le communiqué du syndicat.

Débat sur la réforme du système de santé le 11 mai. Photo : Ministère de la Santé
En outre, ils affirment dans le document que le gouvernement national a tenté d'imposer une réforme structurelle par décret ordinaire, ce qui irait à l'encontre du principe constitutionnel qui délègue au Congrès de la République le traitement des lois qui transforment le système de sécurité sociale.
« Il s’agit d’une confirmation juridique de ce que les citoyens perçoivent depuis des mois : le gouvernement cherche à modifier l’architecture institutionnelle du système de santé colombien par des moyens irréguliers. Cette décision a été provisoirement suspendue par le Conseil d’État – dans l’attente d’un examen au fond – compte tenu des nombreux recours qui pointent du doigt son illégalité et son inconstitutionnalité, ainsi que son impact sur le bien-être et la santé de la population », ont-ils déclaré.
D'après les anciens responsables, une autre action imposée par le gouvernement et certains de ses porte-parole pour faire passer la réforme consiste à recourir à la diffamation et aux attaques contre la réputation de ceux qui les contestent en apportant des preuves et des explications techniques.
« La santé des Colombiens ne peut plus servir de terrain d'expérimentation idéologique ni de lutte pour le pouvoir politique. Nous l'avons déjà affirmé : le pays n'a pas besoin de détruire ce qui a fonctionné, mais plutôt de corriger ce qui a échoué. Le prochain gouvernement national doit donner la priorité à un processus qui rétablisse la confiance entre les acteurs concernés, renforce les capacités techniques du ministère de la Santé et des autres entités, garantisse la liquidité du secteur, place les personnes et les patients au cœur du système, valorise le capital humain existant, assure la suffisance de l'Unité de paiement par habitant (UPC), rembourse la dette et s'oriente vers un plan de financement durable, prévisible et garantissant stabilité, transparence et efficacité dans l'utilisation des ressources publiques », ont conclu les ministres et vice-ministres.
Parmi les signataires du document figurent les anciens ministres de la Santé Jaime Arias Ramírez, Augusto Galán Sarmiento, Gabriel Riveros Dueñas, Alejandro Gaviria, Beatriz Londoño Soto et Fernando Ruiz Gómez. Sont également signataires les anciens vice-ministres de la Santé Eduardo Alvarado Santander, Carlos Castro Espinosa, Blanca Elvira Cajigas Castro, Juan Gonzalo López Casas et Iván Darío González Ortiz, ainsi que les anciens vice-ministres de la Protection sociale Diana Cárdenas Gamboa et María Andrea Godoy Casadiego, et l'ancien vice-ministre des Affaires techniques Jairo Núñez Méndez. La liste est complétée par Mauricio Santamaría, ancien ministre de la Protection sociale, et Camilo Granada Barrera, conseiller en communication.
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