La Clinique donne une voix féminine à une centaine de femmes trans

Cent femmes transgenres ont retrouvé une voix féminine grâce au programme de glottoplastie de l'Hôpital Clinique de Barcelone, seul centre public de Catalogne à proposer ce traitement chirurgical. Associé à l'orthophonie, ce traitement aide les femmes transgenres à harmoniser leur voix avec leur identité.

Bien que les études médicales n'accordent pas beaucoup d'importance à la voix, elle est un facteur transcendant de l'identité et prend une grande importance dans le cas des personnes transgenres, comme Sílvia Pérez-Pallarès, l'une des patientes qui a subi une glottoplastie à la Clinique, qui a pu arrêter de forcer sa voix et d'adopter des expressions forcées.

La Clinique peut réaliser 20 interventions par an ; la liste d'attente est d'environ cinq ans.

« Cela fait partie de notre identité. Notre voix est extrêmement importante pour communiquer avec les autres, et si elle n'est pas féminine, elle vous trahit », explique la patiente, qui parlait fréquemment au téléphone au travail avec des inconnus qui la prenaient souvent pour un homme. « Maintenant, on ne me confond plus au téléphone », explique-t-elle, d'une voix naturelle et féminine, au bloc opératoire.

Selon Isabel Vilaseca, chirurgienne au département d'oto-rhino-laryngologie de la Clínic, le programme de féminisation de la voix est « l'histoire d'un besoin » qui a commencé à prendre forme vers 2015. « De nombreuses femmes trans vues au centre de référence de l'hôpital ont exprimé les difficultés qu'elles avaient avec leur voix », se souvient la médecin.

La Clinique a ainsi lancé une étude pilote auprès de huit patients, et les techniques chirurgicales ont démontré leur validité. Le programme de glottoplastie a ainsi été intégré au portefeuille de services de CatSalut en 2017, avec l'autorisation de réaliser un maximum de 20 interventions par an.

Durant cette période, la Clinique a évalué et traité environ 270 patients et atteint le cap des cent interventions de glottoplastie réalisées dans le secteur public (dans le secteur privé, elles coûtent environ 5 000 €). « Nous n'avons recensé qu'un seul cas de masculinisation vocale chez un homme transgenre, un cas rare car ce besoin est rare », souligne le Dr Vilaseca.

La glottoplastie de Wendler consiste à raccourcir les cordes vocales pour augmenter la hauteur de la voix.

« Lors de la transition de la femme à l'homme, la testostérone modifie normalement déjà la voix, mais à l'inverse, on administre des œstrogènes, qui n'ont pas de récepteurs dans le larynx, donc il n'y a pas de changement dans la voix et une discordance se produit entre l'identité de genre et la voix produite par le larynx », explique-t-il.

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La voix est masculine ou féminine selon la fréquence fondamentale, c'est-à-dire le nombre de vibrations par seconde de la muqueuse des cordes vocales. Chez l'homme, la fréquence est comprise entre 90 et 150 hertz/seconde ; chez la femme, entre 190 et 250, soit une fréquence plus élevée.

La glottoplastie de Wendler consiste à raccourcir les cordes vocales en suturant leur partie antérieure, augmentant ainsi la fréquence fondamentale à 50 hertz/seconde. Elle s'accompagne d'une réduction au laser de la partie latérale du muscle vocal afin d'en réduire la masse. Le larynx est ainsi plus petit et plus ferme, ce qui rend la voix plus aiguë.

L'intervention se pratique par voie orale, sans cicatrice, et ne nécessite que quelques heures d'hospitalisation, une nuit maximum. Elle est suivie de dix jours de repos vocal complet. « Sans parler pendant dix jours, c'est extrêmement difficile, une véritable épreuve, mais on peut surmonter cette épreuve et les bénéfices sont immenses », témoigne Pérez-Pallarès. L'étape suivante est une rééducation orthophonique d'un à trois mois. (Dans certains cas, l'orthophonie suffit et permet d'éviter la chirurgie.)

Selon les enquêtes menées par la Clinique, 80 % des patients sont très satisfaits de la voix acquise au bloc opératoire. La plupart des interventions permettent d'obtenir des fréquences fondamentales supérieures à 180 hertz/seconde (au-delà de 165, on parle de voix féminine).

Les 20 interventions autorisées par le ministère de la Santé chaque année sont insuffisantes pour répondre à la demande actuelle, et la liste d'attente, classée par ordre d'importance, est longue, environ cinq ans. Les femmes ayant demandé un changement de sexe en 2019 sont actuellement en cours d'intervention.